L’accès à l’eau ne constitue pas une fin en soi si la qualité du service n’est pas au rendez-vous. Des indicateurs mesurent les niveaux de performance.
Les zones péri-urbaines et les petites villes des pays en développement sont souvent délaissées en matière d’eau et d’assainissement. Lorsque les systèmes existent, les performances affichées sont fréquemment inférieures aux niveaux prévus. A travers des interventions de participants d’une quinzaine de pays, l’Agence Française de Développement (AFD) a cherché à démontrer que le suivi évaluation peut améliorer la qualité du service fourni aux usagers tout en réduisant les coûts.
Le suivi évaluation repose sur la collecte de données au niveau local. Ces données permettent de renseigner un certain nombre d’indicateurs de performance, techniques, financiers, institutionnels. Ces informations, reflets de la qualité du service, sont ensuite restituées aux différentes parties prenantes : usagers, exploitants, maîtres d’ouvrage, ministère responsable de l’eau, institutions de développement…
Certains pays développés mettent déjà en œuvre cette approche. En France, l’Observatoire national des services publics d'eau et d'assainissement, au sein de l’ONEMA (Office national de l’eau et des milieux aquatiques), joue ce rôle : les données locales sont saisies dans une base nationale. Ce travail permet de produire un rapport mettant en valeur plusieurs indicateurs de performance. Il rend également possible les comparaisons entre régions en vue d'adapter, si nécessaire, les politiques publiques.
Le suivi évaluation progresse au Sud
Au Sud, la pratique se généralise aussi. Ainsi, au Kenya, le système d’information sur la régulation de l’eau identifie neuf indicateurs-clé de performance. Le rapport annuel félicite chaque année les opérateurs locaux qui transmettent les informations demandées et n’hésite pas à citer nommément ceux qui ne jouent pas le jeu. Au Niger où des organismes associatifs agréés par le gouvernement assurent le suivi évaluation, les ventes d’eau, à hauteur de 0,03€ le m3 couvrent le coût du système. Le meilleur recouvrement des impayés que favorise ce système aide à la maîtrise des coûts d'exploitation et les montants épargnés servent à renouveler les équipements.
A Madagascar, à Haïti, dans les Territoires Palestiniens ou encore au Congo, de tels mécanismes commencent à se mettre en place. Les défis restent de taille, notamment pour garantir la fiabilité et l’harmonisation des données collectées et pour renforcer les capacités locales. Néanmoins, des mécanismes d’appui, comme la coopération proposée par le Syndicat des eaux d’Ile-de-France (SEDIF), sont disponibles.