Président, Comité International du Forum
A l’orée de ce millénaire, certaines parties du monde doivent relever des défis que les Européens durent surmonter au début du précédent millénaire. Aujourd’hui l’absence d’eau potable et de systèmes d’assainissement favorise les maladies infectieuses et diminue la durée de vie de la majorité des populations des pays de l’Afrique sub-saharienne. Parce qu’ils manquent de barrages et de réservoirs pour faire face aux inondations et aux sècheresses, les pays pauvres d’Amérique Latine et de l’Asie du Sud-Est perdent 25 à 30% de leur PIB suite à des événements hydrologiques extrêmes. Aux Etats-Unis, des événements similaires induisent des pertes dix fois moindres. Cette situation deviendra encore plus complexe si l’on considère que des événements hydrologiques critiques auront tendance à augmenter en intensité en raison de l’évolution du climat.
L’eau est essentielle à l’amélioration de la qualité de vie. Sa disponibilité, tant en quantité qu’en qualité, constitue la base du développement de toute société. Tout développement visant à l’augmentation du PIB et des revenus per capita doit fondamentalement intervenir dans le respect de l’environnement et des valeurs sociétales et culturelles. Assurer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement nécessite de développer des réseaux d’approvisionnement en eau et d’évacuation des eaux usées, des stations de purification d’eau et des usines de traitement des eaux usées à faible contenu technologique qui génèrent des emplois et des revenus. Dans de nombreux endroits du monde ces développements d’eau contribuent donc, non seulement à l’amélioration de la santé publique, mais aussi à la génération de richesse et à la réduction de la pauvreté.
Coordonner les usages multiples de l’eau constitue la base d’un développement et d’une gestion appropriés de l’eau. L’usage de l’eau doit être envisagé à des fins d’approvisionnement pour les humains et les animaux, pour le développement de systèmes de production électrique et de transport à bas niveau de carbone, pour l’irrigation des cultures afin de produire de la nourriture par le biais de technologies appropriées, pour augmenter les productions de protéines par la pisciculture et enfin pour les loisirs et le tourisme.
Le 6e Forum Mondial de l’Eau s’engage à traiter les grands problèmes auxquels sont confrontés les pays développés ou en développement du monde entier. Notre slogan « Le temps des solutions » est très simple, court et direct. Depuis très longtemps nous diagnostiquons des problèmes tels que ceux décrits ci-dessus. Or, aucune solution ne peut intervenir sans un bon diagnostic. Les précédents Forums ont produit une impressionnante somme d’informations sur les problèmes de nos sociétés et leurs rapports à l’eau. L’heure des solutions est arrivée. Il est temps de faire intervenir des professionnels de différents secteurs ensemble avec les décideurs et de débattre des voies du futur dans un esprit ouvert et convivial. Nous avons besoin de l’engagement de toutes les parties prenantes. Les gouvernements jouent certes un rôle très important pour solutionner nos problèmes pressants, mais l’heure est venue d’impliquer également le secteur privé, les organisations non-gouvernementales, les universités, les associations professionnelles et tous ceux disposés à apporter de l’eau au moulin.